Le 30 mars dernier, Thibaut NGUYEN, du Département Prospective d’IPSOS, a présenté les principaux enseignements de ce nouvel Observatoire du Groupe VYV, et répondu aux questions des collaborateurs et des élus présents.
La construction de l’Observatoire prospectif Mieux vivre du Groupe s’est réalisée en deux temps. Un premier travail s’est tenu au printemps 2021 sur les dynamiques prospectives à l’œuvre sur le(s) mieux vivre. Une quantification de ces dynamiques a été réalisée à l’automne dernier auprès d’un échantillon national représentatif de 2000 Français, dont 22% sont adhérents des mutuelles de VYV.
La présentation de cet Observatoire s’est ouverte sur la vision sociétale des Français. Le contexte général est sombre quant aux perceptions de l’avenir du monde, avec un sentiment d’une dégradation des filets de sécurité est partagé, y compris concernant l’accès et la qualité des soins. Un Indice du Mieux Vivre a été construit pour mesurer les variations de ces perceptions dans la population française. Face à un destin collectif où ils ont le sentiment de ne pas avoir la main, une majorité des Français s’inscrit dans une démarche individuelle et proactive de construction de son « mieux vivre ». La sphère privée, mais aussi le micro-collectif ou l’hyperlocal, deviennent de plus en plus une échelle d’action privilégiée.
Puis les dimensions du Mieux Vivre ont été explorées. La notion de « Mieux vivre » a évolué dans le temps. Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une extension du domaine de la santé. Au-delà de la santé physique et mentale, cela inclut la sécurité financière, le lien affectif ou social, l’environnement quotidien (mobilité, travail, habitat et quartier), et de plus en plus la trajectoire du monde et la confiance en l’avenir. Les acteurs du Mieux Vivre sont multiples. A côté de la médecine officielle en qui la confiance reste prégnante, les Français expérimentent des pratiques alternatives (automédication, médecine alternative…).
L’Observatoire Mieux vivre analyse également les besoins prospectifs des Français. Il en ressort de grandes attentes pour l’avenir sur : l’accessibilité des soins et des services ; la protection face aux dangers du monde extérieur (prévoyance, risques environnementaux…) et aux risques de la vie moderne (protection des données, télétravail, santé mentale, addictions…) ; l’extension de la couverture santé à de nouveaux soins hors du domaine traditionnel ; de l’écoute et du temps passé avec le patient sur ces besoins de « mieux vivre » ; une attention particulière aux publics spécifiques (vieillesse, handicap, parents…). Les ménages français seront à l’avenir en moyenne prêts à dépenser plus pour leur santé, et pour les dimensions « care ».
Les fragmentations au sein de la population française ont été détaillées avec une Typologie du Mieux vivre. 6 groupes ont émergé des analyses statistiques : plus ou moins vulnérables ou bien insérés, et plus ou moins ouverts à des solutions écolo-alternatives ou technologiques ou plus classiques.
Pour l’avenir, trois scenarii de futurs souhaités par les Français se dessinent. Le scenario le plus plébiscité est le scenario Neo Conservateur (57%), avec des valeurs de sécurité fortes, des résurgences identitaires culturelles, un attachement au système de santé traditionnel, la recherche d’un pacte social refondé à l’échelle de la nation. Viennent ensuite deux scenarii qui n’embarquent pas aujourd’hui une majorité des Français, mais qui sont susceptibles de prendre davantage d’ampleur à l’avenir. Le scenario de l’Ecologie sociale est soutenu par 44% de Français qui souhaitent vivre autrement, à travers un accent mis sur le respect de la nature et du biorythme, l’autonomie, l’ultra local et la solidarité du groupe. Enfin le scenario Techno progressiste rassemble 25% de Français plus prompts à mettre l’accent sur la technologie et l’hybridation au service de la performance individuelle.
Restent hors scenarii les populations les plus vulnérables, que le dispositif d’enquête ne permet pas d’atteindre, et pour qui mieux vivre revient à enrayer le moins bien vivre. Le lien social et la lutte contre l’isolement deviennent des demandes majeures pour aller les chercher et les aider.